Mélissa

Mélissa Toitot est neuropsychologue dans le Morbihan, et propose l’équithérapie à ses patients, leur permettant ainsi une rééducation moins théorique et plus en prise avec la vie quotidienne. Passionnée par son métier, elle rêve de créer son propre élevage de chevaux « équithérapeutes » pour pouvoir démultiplier son action.

> Pourriez-vous vous présenter en quelques mots

Je m’appelle Mélissa Toitot, je suis psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. J’ai obtenu mon master en 2017 et j’ai ensuite fait une professionnalisation en plusieurs stages. Je suis installée depuis 2018, et je consulte sur trois lieux : Plaudren, Saint-Avé et Ploërmel.

À Ploërmel je travaille en partenariat avec une association : « Les Z’Atypiques Fantastiques« . Cette association est créé pour aider les enfants et adolescents ayant des troubles neurodeveloppementaux ainsi que leur famille (parents et même grands parents). D’autres professionnels interviennent dans leurs locaux.

Je reçois les enfants, les adultes, et les personnes âgées aussi, pour une évaluation de la cognition. Selon ce qui fonctionne et qui ne fonctionne pas, je propose une rééducation des fonctions altérées en apprenant au patient à s’appuyer sur celles qui sont préservées.

« L’équithérapie, c’est plus concret et plus facilement transposable à la vie de tous les jours, plutôt que de faire du papier crayon. »

 

J’ai une spécialité qui me permet de proposer de l’équithérapie. D’habitude l’équithérapie est plus pour le suivi psychologique. Mais pour moi, en plus du suivi psychologique, c’est surtout l’aspect motivationnel qui me permet de faire cette rééducation avec le cheval. Dans l’équithérapie, je ne fais pas monter le cheval, ce sont juste des exercices en contact avec le cheval. C’est plus concret et plus facilement transposable à la vie de tous les jours, plutôt que de faire du papier crayon ou de l’ordinateur.

 

> Qu’est-ce qu’il y a de particulier avec l’équithérapie, pourquoi le cheval ?

J’ai toujours eu quelques difficultés au niveau de la concentration notamment, et le cheval m’a permis de me focaliser. Et puis au niveau psychologique aussi, dès que ça n’allait pas j’allais voir les chevaux et ça allait mieux.

 

> Comment est-ce que vous définiriez la quintessence de ce que vous faites ?

Pour moi l’aspect motivationnel est le plus important dans mon métier. S’il n’y a pas de motivation cela ne sert à rien que je fasse de la rééducation. Car mon but est de faire de la rééducation. Faire des bilans c’est bien, mais ça aide surtout à faire des dossiers. S’il n’y a pas besoin de rééducation tant mieux, ou s’il y a besoin de quelqu’un d’autre je renvoie le patient vers un confrère. Mais au final l’objectif est qu’on puisse débloquer des situations.

« C’est l’aspect motivationnel qui est le plus important dans mon métier. »

 

J’ai un patient de 17 ans pour qui cela fait plus de dix ans qu’il est dans le flou. Ses parents et lui savent qu’il y a un truc qui ne vas pas. Il se sent différent des autres, ne se sent pas intégré au monde. Mais cela fait des années qu’il ère sans savoir ce qui cloche. Ses parents ne savent pas comment l’aider, ils sont un peu démunis. Le fait de faire un bilan va juste aider mes patients à pouvoir monter un dossier pour obtenir une aide matérielle et/ou humaine. Mais on peut aller plus loin et mettre en place une rééducation neuropsychologique ou autre.

 

> Parlez-moi de votre activité

Le neuropsychologue est vu pour établir un diagnostic. Il a une vue d’ensemble sur beaucoup de domaines : la psychologie, l’ergothérapie, la psychomotricité, l’orthophonie, et cela lui permet d’éliminer des pistes. Trop souvent on envoie le patient directement vers les orthophonistes ou les psychomotriciens parce que ce sont des professions que l’on connaît plus. Alors qu’en fait on devrait d’abord l’envoyer vers un neuropsychologue qui lui ensuite l’envoie vers la bonne personne.

« Mon but est vraiment de faire de la rééducation et d’aider à débloquer des situations. »

 

Si on fait de l’orthophonie pour finalement se rendre compte que ce n’est pas du tout un problème de langage, ni un problème moteur, mais que c’est peut-être juste un problème attentionnel. Et bien on aurait avancé plus vite sans perdre quelques années, si on avait travailler là dessus dès le début.

Mon but est vraiment de faire de la rééducation et d’aider à débloquer des situations.

 

> Avez-vous une anecdote intéressante, vécue dans votre activité, à nous raconter ?

La personne que l’on va voir tout à l’heure est très intéressante. C’est une jeune fille qui fait du cheval. Elle a déjà réalisé un bilan neuropsy avec une consœur qui est très bien. Cette collègue pensait lui proposer de la rééducation, mais elle n’avait pas trop le temps. Et finalement elle me l’a envoyé car elle savait que cette jeune fille avait la passion du cheval. La motivation est alors encore plus élevée que pour un patient qui n’a pas forcément de contact avec les chevaux. Le cheval apporte de la motivation pour beaucoup de monde.

Avec des patients souffrant de difficultés mnésiques, on va travailler sur la mémoire et donner des petits exercices concrets. On commence à faire des petits parcours. On essaie de trouver un but, un objectif.

Je leur apprends donc progressivement à essayer de reconnaître le parcours seul à pied, puis avec le cheval.

La patiente d’aujourd’hui a bientôt un examen à passer en équitation, et on va travailler sur les compétences qu’elle doit avoir le jour de l’examen grâce à des moyens mnémotechniques. Et c’est elle qui est demandeuse. C’est là qu’on voit le basculement, ce n’est plus moi qui propose, c’est le patient qui donne des idées.

« Mon chien était là et venait dès qu’elle se déconcentrait, comme s’il sentait le moment où elle décrochait. »

 

J’ai une autre patiente, une personne âgée, à qui j’ai fait un bilan et proposé une rééducation. Cette personne avait eu un accident avec une lésion cérébrale. C’est une dame qui avait eu des chiens. Il se trouve que j’ai un chien que j’emmène en médiation animale, car c’est plus simple à emmener que mes poneys, surtout en appartement avec ascenseur. On faisait de la rééducation chez elle. Mon chien était là et venait dès qu’elle se déconcentrait, comme s’il sentait le moment où elle décrochait. Il venait et posait sa tête sur elle, elle se reconcentrait et le caressait. Et ensuite il fallait qu’elle passe à autre chose.

Parfois je venais avec le chien, parfois sans, et on avançait comme ça. Il y avait eu beaucoup de progrès très rapide. La dame et toute sa famille étaient très contentes. Et ça fait plaisir.

D’habitude en psychologie on fait des exercices dans un calme absolu, dans un environnement neutre. Mais au final on ne rééduque pas vraiment car ce n’est pas le cadre de la vie quotidienne.

 

> Comment en êtes-vous arrivé là ? Quel a été votre parcours ?

J’ai passé ma licence de psychologie à Dijon en Bourgogne, avec option psychologie cognitive et neuropsychologie. Puis un master 1 à Lyon, avec les mêmes options. Mais j’en ai eu un peu marre après cette année qui était trop sélective, avec par exemple des élèves qui cachaient les annales pour que les autres ne puissent pas réviser. C’était assez terrible. Dans notre classe nous étions 80. Mais il y avait aussi tout le reste de la France à postuler. Il y a donc plus de 300 candidatures pour 15 places. C’était assez intense et j’ai préféré arrêter.

Je suis venu habiter ici. J’ai passé un diplôme universitaire et suis maintenant référente en surdi-cécité (surdité associée à la cécité). C’est un handicap rare, et donc très peu connu. Il y a très peu de référents.

« J’avais l’intention d’enchaîner vers un doctorat, mais je n’ai pas trouvé de maître de thèse pour me suivre sur le thème de l’équithérapie. »

 

Ensuite je suis allée passer un Master 2 national orienté recherche en neuropsychologie et neuroscience clinique sur Lyon, Toulouse et Grenoble. C’était très intéressant et j’avais l’intention d’enchaîner vers un doctorat. Mais je n’ai pas trouvé de maître de thèse pour me suivre, parce que mes sujets étaient trop peu demandés. Mes deux idées de sujets étaient soit l’effet de l’équithérapie sur les patients avec des troubles des fonctions exécutives et attentionnelles (c’est à dire les capacités de concentration et d’adaptation à des nouvelles situations ou des situations complexes), ou la création de tests pour les patients atteints de surdi-cécité. Il y a quelques tests qui sont adaptés soit à des troubles visuels, soit à des troubles auditifs, mais il n’y a en pas qui soient faits pour les deux combinés. Beaucoup de patients en vieillissant perdent de la vision et de l’audition, et cela peut alors beaucoup fausser les tests s’ils ne sont pas adaptés.

Autrement je donne aussi des conférences et organise des ateliers. Soit dans le cadre de mon activité libérale, soit au sein d’une association qui s’appelle Brain Up. Ce sont alors des missions d’action santé auprès des personnes retraitées surtout. J’en fais beaucoup sur la mémoire, c’est ce qui m’intéresse le plus j’avoue. On en fait aussi sur le sommeil, ou sur les capacités de concentration à la conduite. Là ça s’est arrêté avec le Covid. Mais c’est super intéressant.

 

> Quels obstacles avez-vous dû surmonter pour arriver là aujourd’hui ?

Quand je me suis installée, c’était en fait en collaboration avec quelqu’un qui avait lancé tout un projet pour aider au bien-être en entreprise. Il m’avait encouragé à m’installer. Le problème c’est qu’une fois installée et il ne m’a jamais proposé de patient. Comptant sur lui, je n’avais pas eu besoin de faire de la publicité avant de m’installer, j’ai alors galéré et me suis retrouvée un peu dans le néant. J’ai donc dû me débrouiller pour me faire connaître au maximum. J’ai dû me créer tout un réseau professionnel.

« C’est avec ma jument que tout a commencé. »

 

A ce moment-là ma jument n’était pas encore arrivée. C’est avec elle que tout a commencé. Elle s’appelait Mutine. Ma grand-mère avait un petit élevage familial, et quand cette jument est née elle me l’a offerte pour mon anniversaire. Cela faisait très longtemps que je l’avais, j’habitais déjà ici, et je l’attendais avec impatience.

Le cheval a toujours été ma motivation. Une fois que Mutine est arrivée, on a dû lui trouver une compagnie. Grâce à la contribution de nombreuses personnes que je remercie, j’ai réussi à acheter cette nouvelle jument, Rouanez. Et c’est là que tout a commencé vraiment. Certains venaient directement pour une rééducation, mais je préfère qu’il y ait d’abord un bilan pour qu’on sache vraiment sur quoi travailler. Mais parfois je commence par de la rééducation et au final je me rends assez vite compte des failles et de ce qu’il faut travailler.

Ensuite l’activité s’est développée. Ma jument m’a quitté l’année dernière. La deuxième qui était arrivée s’est retrouvée toute seule. C’était un peu compliqué psychologiquement et techniquement, là j’ai mis l’équithérapie en pause. C’était une très grosse difficulté : dire au revoir à cette jument que j’ai côtoyé pendant 19 ans.

On a cherché une copine provisoire car je n’étais pas vraiment prête à accueillir un nouveau cheval. Quelques mois avant j’avais eu l’intention d’acheter un poney plus petit, et j’étais tombée sur une petite pouliche. A ce moment-là j’avais décidé de ne pas l’acheter, mais après la mort de ma jument je suis retombée par hasard sur elle. Et je remercie son propriétaire de ma l’avoir vendu. Je me suis dit que c’était peut-être le destin qu’on se soit recroise. Elle est alors venue rejoindre l’équipe.

« Je pense qu’on était toutes les deux en deuil. »

 

Je n’ai pas repris l’équithérapie tout de suite. Avant mes deux juments principales travaillaient en binôme. Rouanez s’étant retrouvée toute seule, il était impossible de la faire travailler seule. Elle a eu beaucoup de mal à accepter. Je pense qu’on était toutes les deux en deuil.

Donc j’ai préféré ne faire que de la neuropsychologie, et j’ai recommencé tout doucement à travailler avec un seul cheval à la fois. D’ailleurs je n’ai pas repris le binôme.

Maintenant c’est un seul cheval avec moi et le patient.

 

> Qu’est-ce que cela apporte que les chevaux travaillent en binôme ?

Cela apaise les chevaux. Les chevaux sont des animaux de troupeau, et être deux est plus rassurant pour eux. Le patient choisissait entre les deux chevaux selon le caractère. Maintenant je laisse toujours le choix entre les chevaux mais ensuite on sort le cheval du troupeau. Et le fait de travailler avec un binôme de chevaux provoquait un peu plus d’autonomie car le patient s’occupait d’un cheval et moi de l’autre. Quand il n’y a qu’un seul cheval, ça peut être un peu un soucis si le patient se dit « si je ne le fait pas, elle elle le fera ».

« Les chevaux sont des animaux de troupeau, et être deux est plus rassurant pour eux. »

 

Maintenant je fais d’autres exercices. Et puis il y a une autre jument qui est venu nous rejoindre aussi, qui au départ n’était pas prévu pour l’équithérapie. Mais j’ai proposé à la patiente de ce matin de choisir parmi les trois, et elle a choisi la nouvelle. Je l’ai prévenu qu’elle n’est pas encore formée, mais elle m’a dit qu’elle l’aimait bien. On l’a prise et ça se passe très bien. Toutes les deux sont assez connectées. Cette jument qui s’appelle Pitta a beaucoup de traits communs avec ma première jument. C’est le hasard qui l’a mise sur ma route et j’ai parfois un peu l’impression de reconnaître ma première jument. Mes trois chevaux ont trois caractères différents, et c’est très bien. Car cela permet de choisir en fonction du profil du patient.

 

> Avez-vous une clé, une recette personnelle, pour surmonter les difficultés ?

Le contact avec les chevaux, la nature. Je vais dans le pré de mes chevaux, je m’assois sur un tronc d’arbre et j’attends, je les regarde. Ou alors je les caresse, je les brosse, je leur parle. L’avantage des chevaux par rapport aux chiens c’est que les chevaux sont forcément reliés à la nature. Un chien on le voit dans la maison, alors qu’un cheval on l’imagine dans son pré.

« Les chevaux nous ramènent plus vers la nature qu’un chien. »

 

> Parlez-moi d’une expérience qui vous a marqué dans votre vie

C’est toujours un peu lié aux chevaux. Je pense à la naissance de mon poulain et la mort de ma jument. Et les deux sont liés.

La naissance de mon poulain c’était beaucoup de responsabilités d’un coup.

« Tous les soirs j’étais aux soins. Je dormais très peu. »

 

Et la mort de ma jument c’était beaucoup de responsabilité d’un coup aussi, parce que j’étais vraiment toute seule. C’était compliqué à gérer. Il pleuvait en plus. Tous les soirs j’étais aux soins. Je dormais très peu.

Mais j’en suis sorti grandie. Vivre de tels événements en solitaire c’est difficile mais peut-être que c’est mieux, peut-être qu’on les vit plus intensément, je ne sais pas. D’un autre côté, si j’avais été avec quelqu’un je me serais probablement dit « heureusement que je n’étais pas toute seule ».

 

> Parlez-moi de ce qui vous motive, de ce qui vous passionne dans la vie ? Aider les autres ?

Même dans ma vie personnelle on me dit que j’aide trop les autres.

Pour beaucoup de gens, dès que ça ne va pas j’essaie d’être là. Et parfois, peut-être que je suis trop présente.

Il n’y a pas longtemps un de mes amis allait vraiment très mal. Je me suis démenée corps et âme pour réussir à le sortir de cette crise. Je me suis rendu disponible à 100 %, depuis très tôt le matin jusque tard le soir.

J’essaie d’être là quand ça va aussi (rires). Mais j’ai plus tendance à être présente quand ça ne va pas.

« Mon rêve serait d’élever des chevaux que je revendrais comme chevaux médiateurs, pour être utiles en équithérapie. »

 

Quand j’étais en seconde au lycée, j’avais une copine qui venait de perdre sa mère. Lors d’une réunion parents professeurs, ma prof de math, les larmes aux yeux, a dit à ma mère que j’avais été vraiment présente pour cette jeune fille. Moi j’avais l’impression que c’était normal, j’avais juste été là. Je pense que la prise de conscience a un peu démarrer à ce moment-là.

Et puis mon rêve de toujours c’est d’élever des chevaux, c’est mon but de vie. Arriver à élever les chevaux et surtout pouvoir concilier ça avec mon travail. L’objectif serait d’élever des chevaux que je revendrais comme chevaux médiateurs, pour être utiles en équithérapie.

J’aimerais créer une formation HippoCog pour que je puisse recevoir des neuropsychologues et les former à l’équithérapie. Pour que cela se diffuse partout, et que la neuropsychologie en générale soit mieux connue. Et que l’on ne fasse pas que la rééducation sur papier, mais que l’on rééduque vraiment de manière écologique, c’est à dire en étant plus proche de la vie réelle.

J’adore transmettre et je prends souvent des stagiaires. Je vais en avoir trois l’année prochaine. Ce sont des stagiaires qui veulent se former en neuropsychologie, et avec moi ils ont le bonus équithérapie.

 

> Quelle sont vos occupations favorites en dehors de votre activité ?

Je ne fais pas beaucoup d’équitation en fait.

J’aime la photo, me balader. J’aime beaucoup les animaux.

En gros, mon principal passe-temps est de m’occuper de mes animaux, et de me promener. Et parfois je prends des photos en m’occupant de mes animaux et en me promenant (rires).

 

> Que feriez-vous dans la vie si vous n’aviez pas de contrainte d’argent, ou si vous gagniez au loto ?

Je ferais un peu moins de neuropsychologie, plus d’équithérapie et je me lancerais vraiment dans l’élevage de chevaux « thérapeutes ».  J’aurais ainsi un pôle d’équithérapie avec mon élevage de chevaux. Ce serait un grand domaine pour mon activité professionnelle, plus grand, plus joli, avec plus de chevaux, et que j’aurais sûrement quelqu’un pour m’aider.

« Je me lancerais vraiment dans l’élevage de chevaux « thérapeutes ».

 

> Quelles sont les qualités que vous préférez chez une personne ?

Ce que je préfère par-dessus tout c’est la patience. Je trouve que la patience est une qualité hyper importante. Parfois je peux en manquer, mais je peux au contraire avoir beaucoup trop de patience. Avec mes chevaux, si je n’avais pas d’impératif de temps, je pourrais rester une après-midi complète, par exemple si mon cheval ne veut pas avancer et bien j’attendrais toute l’après-midi qu’il avance (rires). Je prendrais le temps de lui montrer, le rassurer.

Et puis l’humour c’est une qualité importante aussi.

 

> Qu’est-ce que vous détestez par-dessus tout chez une personne ?

L’intolérance. Ça va un peu avec la patience. L’intolérance en générale envers les autres. Je pense qu’on a tous le droit d’exister malgré nos difficultés, ou malgré qui l’on est.

« Je pense qu’on a tous le droit d’exister malgré nos difficultés. »

 

> Avez-vous des modèles, quels sont vos héros dans la vie réelle ?

En fait je pense que ce sont mes proches qui m’inspirent. J’essaie toujours de m’entourer de gens qui m’inspirent. Mon mari, mes parents, ma meilleure amie. J’ai des amis que je ne vois plus beaucoup mais je suis complètement fan de ce qu’ils sont devenus et de ce qu’ils font. Par exemple mon mari s’est formé et s’est démené pour réussir à faire quelque chose d’intéressant, quelque chose qu’il aime vraiment.

J’ai des amis chefs d’entreprise qui ont toujours des projets et qui réussissent. J’admire le travail qu’ils mettent en œuvre et le fait qu’ils soient toujours passionnés par ce qu’ils font. J’aimerais bien être comme eux et rester toujours passionnée par mon métier.

Parfois j’ai tendance à trop m’investir, m’oublier dans les projets, c’est dans la démesure. J’ai besoin de redescendre sur terre et faire une pause.

« J’ai tout le temps plein de projets en tête. »

 

J’ai tout le temps plein de projets en tête. Avec une psychopédagogue, nous ouvrons en janvier 2020 à Saint Avé un centre pour les enfants et les adultes qui ont des troubles neurodéveloppementaux, des difficultés scolaires, professionnelles, personnelles, cognitives. Avec plusieurs professionnels on va créer un pôle, un peu sur le modèle d’un pôle médical. Il y a déjà une orthophoniste, une psychopédagogue et moi. On aimerait aussi trouver un(e) ergothérapeute et un(e) psychologue pour compléter. Les gens sont obligés de courir à droite à gauche pour voir chaque praticien, mais avec ce pôle il sera possible de regrouper un maximum les rendez-vous et de travailler en complémentarité.

Le but est ainsi de mutualiser nos compétences pour aider au maximum les patients, et ne pas travailler chacun dans notre coin.

 

> Si vous pouviez avoir un don, un pouvoir surnaturel, que choisiriez-vous ?

Pouvoir me téléporter pour aller plus facilement où je veux, par exemple pour traverser la France. Au lieu d’avoir plus de 6 heures de route pour retourner dans ma région d’origine, cela me prendrait juste quelques secondes. La téléportation ce serait cool.

 

> Quelle est votre définition du bonheur ?

Pour moi, le bonheur c’est prendre le temps de vivre les choses. Je pense qu’on a la possibilité de voir le bonheur tous les jours, mais est-ce qu’on prend vraiment le temps de le regarder ?

« Il y a autant de bonheur que de personnes. »

 

On ne prend pas le temps de voir qu’il est déjà là, ou qu’il a été là. Le bonheur peut être  aussi simplement de repenser à un souvenir qui était cool, c’est plein de choses et en même temps ce n’est rien.

Il y a autant de bonheur que de personnes.

 

> Quel est pour vous le sens de la vie ?

Cela dépend de chaque personne mais pour moi c’est de vivre pleinement et de ne pas juste survoler. Il y a trop de gens qui survolent leur vie, qui ne prennent pas le temps de se poser, qui ne pensent qu’à demain.

En fait j’ai l’impression qu’il y a des gens qui courent tellement que pour eux ce n’est jamais « aujourd’hui même ». Au final quand ils se trouvent à la retraite par exemple, ils se rendent compte qu’ils n’ont pas profité de leur temps comme ils auraient dû.

« Il y a plein de gens qui survolent leur vie, qui ne prennent pas le temps de se poser, qui ne pensent qu’à demain. »

 

Peut-être que moi je mets en pratique tous ces conseils, je n’en sais rien. Depuis toujours je me suis dit que j’ai besoin de faire des pauses. Quand j’étais petite, à l’école, on disait tout le temps que j’étais lente. Il y a même une institutrice qui avait dit à une de ses collègues que j’étais surement « un peu débile ». Il n’y a pas très longtemps, ma mère m’a raconté que mon enseignant de CM2 avait dit, à l’époque, qu’on ne ferait jamais de moi un ingénieur. J’aimerais le retrouver, pour lui montrer qu’il s’était trompé.

Et il y a malheureusement plein de professeurs de mes jeunes patients qui qui ne croient pas assez en leurs élèves.

J’ai eu un prof de neuropsychologie qui était génial, M. Robichon, quelqu’un de très intelligent avec une aura incroyable. Il nous avait raconté qu’un de ses amis obstétricien, en voyant la forme du cerveau d’Einstein, avait constaté que le lobe pariétal était si petit que s’il avait vu ça à l’échographie il n’aurait pas laissé naître le bébé.

 

> Si la réincarnation existe, en quoi aimeriez-vous être réincarné ?

Je préférerais probablement être réincarnée en animal sauvage, un animal de la forêt. J’aime bien la forêt. Un sanglier ce n’est pas très gratifiant (rires), mais en biche pourquoi pas.

 

> Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire ?

Alors là je n’en sais rien, parce qu’en plus je ne suis pas du tout croyante.

« Bon courage pour être une biche » (rires).

Ou alors il pourrait me dire : « désolé je ne t’ai pas fait gagner au loto, mais tu n’avais qu’à jouer » (rires).

 

 


Galerie d’images

Le site web de Mélissa: https://www.facebook.com/HippoCog/

 


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